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- International
- Élections européennes 2024
ParBéatrice Giblin(Géographe), Sylvie Gittus(Cartographe) et Francesca Fattori(Cartographe)
Temps de Lecture 3 min.
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En cartesZones rurales délaissées, régions frappées par la désindustrialisation, territoires hantés par des traumatismes historiques… La géographe Béatrice Giblin souligne les ressorts communs à la montée des partis d’extrême droite dans l’Union européenne, éclairant une série de cartes réalisées à partir des résultats des élections législatives dans chaque Etat membre.
Les élections européennes, qui se tiennent du 6 au 9juin, devraient connaître une forte poussée de l’extrême droite au sein du Parlement européen, alors que des partis de cette mouvance siègent déjà dans les gouvernements de plusieurs Etats membres.
A cette occasion, Le Monde a réalisé une cartographie fine du vote en faveur de l’extrême droite au sein des Vingt-Sept. Pour ce faire, nous avons sélectionné pour chaque pays les partis de droite radicale et populiste, et extrait les votes exprimés en leur faveur lors des élections législatives nationales les plus récentes.
Pour tenter de comprendre les mécanismes qui ont favorisé cette évolution dans les territoires contrastés de l’UE, nous avons sollicité la géographe Béatrice Giblin, fondatrice de l’Institut français de géopolitique (université Paris-VIII) et directrice de la revue Hérodote, qui dès 2012 dans un de ses numéros, revu et augmenté en2014 (L’Extrême Droite en Europe, La Découverte) s’interrogeait sur les ressorts communs à la montée de ces partis.
Le vote d'extrême droite dans l'Union européenne
Helsinki
Tallinn
Riga
Vilnius
Bratislava
Budapest
Bucarest
Athènes
Prague
Vienne
Ljubljana
Zagreb
Sofia
Varsovie
Berlin
Bruxelles
Paris
Dublin
Luxembourg
Amsterdam
Madrid
Lisbonne
Rome
Copenhague
Stockholm
SERBIE
KOSOVO
ALBANIE
MONTÉNÉGRO
BOSNIE-
HERZÉGOVINE
SUISSE
MACÉDOINE
du NORD
TURQUIE
BIÉLORUSSIE
ROYAUME-UNI
Irlande
du Nord
NORVÈGE
RUSSIE
UKRAINE
MOLDAVIE
TURQUIE
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ESTONIE
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GRÈCE
MALTE
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ALLEMAGNE
SLOVAQUIE
PAYS-BAS
IRLANDE
BELGIQUE
FRANCE
AUTRICHE
SLOVÉNIE
CROATIE
ITALIE
ESPAGNE
PORTUGAL
HONGRIE
RÉP. TCHÈQUE
Suffrages en faveur des partis d’extrême droite aux dernières élections législatives, par circonscription, district ou commune selon les pays, en % des suffrages exprimés
Infographie Le Monde
Tous les sondages annoncent une forte poussée des partis d’extrême droite aux élections européennes. S’il est parfois difficile de classer clairement à l’extrême droite certains partis, il n’en reste pas moins que cette mouvance partage des dénominateurs communs.
Au premier rang figure l’immigration, que celle-ci soit forte ou pasdans leur pays: tous ont voté contre le pacte sur la migration et l’asile, jugé trop laxiste. L’Union européenne (UE) est accusée de favoriser l’arrivée d’étrangers sans prendre en compte, surtout si ces derniers proviennent de pays musulmans, une supposée opposition des «peuples», par crainte de perdre leur identité ethnique, religieuse ou culturelle.
Cependant, bien que l’extrême droite soit désormais présente dans tous les Etats de l’UE, certains, surtout dans l’Est, sont nettement plus touchés que d’autres. Les zones où les partis d’extrême droite obtiennent des scores très élevés sont généralement rurales et faiblement peuplées. Dans ces pays, pourtant, l’intégration dans l’UE en2004 fut approuvée par une nette majorité des citoyens. Aujourd’hui, une partie d’entre eux sont séduits par les discours nationalistes, identitaires et conservateurs de ces partis, qu’ils voient comme les seuls sachant les comprendre et les défendre, voire les protéger d’une élite européenne qui les ignorerait, les mépriserait et leur imposerait des politiques économiques et sociétales qu’ils rejettent.
Démographie en crise
Ces pays, outre qu’ils ont été dirigés par des partis communistes, ont tous connu des histoires nationales plus ou moins traumatisantes. La Pologne a été deux fois rayée de la carte, partagée entre l’Allemagne et la Russie. La Hongrie a été amputée d’une grande partie de son territoire et de sa population après la première guerre mondiale. La République tchèque a perdu, un temps, la Bohème. Tous ont une démographie en crise – diminution de la population, taux de natalité et de fécondité très bas, exil des jeunes diplômés, vieillissem*nt de la population – qui alimente le sentiment d’une partie de leur population d’être abandonnée et de voir disparaître à jamais son mode de vie, dans ces régions encore rurales mais où la politique agricole commune a fortement contribué à moderniser l’agriculture et, donc, à accélérer l’exode rural.
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